Histoire du château :
Le plus ancien
propriétaire de la seigneurie serait Etienne de Juis, témoin
d'une donation au monastère de Cluny en 994.
En 1315, Jean de
Juis rendit hommage-lige à Humbert de Thoire Villars. Par sa
fille, la seigneurie échut à la famille de la Palud, puis à
la maison Groslée (1373).
Au XV° siècle, elle
passa par vente dans les mains de Jean, duc de Bourbon
(1459), puis la famille Balzac (1541), la maison d'Urfé, la
famille de Mars et enfin Nicolas Deschamps, seigneur de
Curtille, en 1660.
Au XVIII° siècle,
le propriétaire en est Gilbert de la Font, échevin de Lyon.
A la Révolution,
nous trouvons la famille Hervier (également échevin de Lyon)
jusque vers 1870. Après la vente au Comte de Cibieins,
c'est la famille Berthet, actuelle propriétaire qui l'achète
en 1936.
Façades, toitures,
puits dans la cour et une partie subsistante du mur
d'enceinte, sont inscrits à l'Inventaire supplémentaire
des Monuments Historiques depuis le 4 mai 1984.
Description :
Juys fait partie
des 11 maisons fortes de la Dombes toutes construites à la
même époque : les châteaux de
Saint
Paul de Varax,
Bouligneux, Le
Montellier,
la
Grange à Lapeyrouse, de
Messimy,
d'Ars,
les tours du Plantay, d'Ambérieux
en Dombes, la
ferme de Villon à Villeneuve.
Les douves ont une
largeur de 35 mètres et une longueur de 530 mètres et
font le tour du mur d'enceinte.
Le mur (à gauche du
porche) a été refait dans la tradition Dombiste : alternance
avec des galets ou "couilles de bressans", pierres roulées
par les moraines des glaciers. Au dessus du porche, une
statue "Sainte Anne enseignant la Vierge" portant dans ses
bras une enfant, sa fille car c'était mère de Marie. Sainte
Anne est la patronne des marins et des menuisiers. Au-delà
du porche :
Cette ancienne
forteresse militaire de défense du XVème siècle est un cube
presque parfait : 25 mètres par 26 au sol, 16 mètres de
hauteur, 2 mètres de hauteur des créneaux ou dits merlons,
12 mètres du donjon ou échaugette.
Cette tour de guet
était sûrement ouverte à son extrémité car à 28 mètres de
hauteur le guetteur voyait : côté Bize (Nord), la Bresse -
côté Soir (Ouest), le Beaujolais - côté Midi (Sud), le
Lyonnais - côté Matin (Est), le Bugey. Il pouvait donc
prévenir d'une arrivée de cavaliers et autres groupes à
pieds. La coupole du donjon a été refaite complètement à la
fin du XIXème siècle. On peut observer les mâchicoulis
au-dessus de la porte d'entrée du donjon de Juys : sur ces
pierres étaient entreposées des bassines d'huile de poix
bouillante (250°) pour "arroser" ceux qui voulait pénétrer
dans le donjon.
Côté Bize, non loin
du mur d'enceinte : l'ancienne église de la paroisse dont le
patron était Saint Rémi, et le cimetière de Juys. Le fief de
Juys apparait en 996. Il était proche de l'ancienne abbaye
de Montberthoud, très active quand elle dépendait de Cluny
(934-1211) avec 40 moines.
Côté Midi, vers les
douves : La comtesse de Cibeins agrandit la grande
fenêtre du salon (pour faire lecture) mais sans les meneaux
sur lesquels l'état prélevait un impôt.
En 1936, la
comtesse de Cibeins étant ruinée, Juis fut saisi et vendu
aux enchères. Les meubles furent mis sur la route pour être
vendus aux mieux disants. Les fenêtres du
2ème étage ont été ouvertes en 1938 (par la famille Berthet)
pour aménager des chambres. La porte-fenêtre de la cuisine
est ouverte depuis 1993.
Côté Matin : Les 3
fenêtres avec grilles en fer forgé sont d'époque XVIIIème
siècle. Le mur d'enceinte ne faisait par le tour de la
forteresse. Il prenait appui sur l'angle du mur et
s'adossait sur celui du four à pain . Cette façade était
donc ouverte directement sur les douves. Le perron a été
construit par madame de Cibeins pour que de sa chambre elle
puisse sortir au soleil levant.
Dans la cour :
Portail en arc brisé d'origine dont les doubles portes ont
été refaites à l'identique par Gabriel Lardet en 1983,
menuisier à Savigneux, avec conservation des anciennes
ferrures et serrures du XVIIIème siècle. Ce travail fut
accompli dans le cadre de son activité artisanale. Il a été
aidé par Loïc Lambert (Compagnon du devoir) achevant son
tour der France dans la région et actuellement installé à
Reims, gérant une entreprise spécialisée dans la rénovation
des Monuments Historiques.
Cet édifice,
extrêmement original, constitue un modèle unique en France
d'architecture militaire. c'est un des rares dont la
muraille n'ait pas été abattue pour ouvrir la cour
intérieure.
Sur l''angle Bize
(Soir) a été dressé un mini donjon cylindrique porté par un
grand arc ans le vide en diagonales entre les courtines. Une
très grande hardiesses de l'architecte pour l'époque. Le
chemin de ronde est toujours présent. On devine les anciens
emplacements des poutres sur les remparts du Matin : un
plancher permettait l'accès du chemin de ronde et au donjon.
Le logis adossé aux courtines Matin et Midi devait être très
différent en 1459. Il a été refait au XIXème siècle. Il
reste encore le blason de la famille de Balzac;
On peut remarquer
le bénitier monumental de l'ancienne paroisse de Saint Rémi.
Le puits date du XVIIIème siècle : 13 mètres de profondeur,
5 mètres d'air, 8 mètres d'eau soit environ 8 000 litres
d'une eau extrêmement pure (absence de nitrate et de
phosphate. Il est alimenté par une rivière souterraine (et
non par la nappe phréatique qui est à 60 mètres de
profondeur). en provenance du Bugey et des Alpes. Tous les
puits du quartier ont à peu près la même profondeur. Texte de Marc Berthet
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