Ecusson de l'Académie de la Dombes

Bandeau general de La Dombes dans l'Ain

La Dombes, une terre historique qui reste encore à découvrir

Ecusson de l'Académie de la Dombes

Essai Historique sur MIRIBEL
par Théodore Laurent aux éditions du Bastion.

Le château (ou forteresse) de Miribel fut construit quelque temps après la célèbre victoire que Jules-César remporta sur les Helvétiens au passage de la Saône, l'an 58 après Jésus-Christ. D'autres édifices de cette nature furent construits et étaient reliés entre eux par des aqueducs ou voies souterraines connues actuellement sous le nom de sarrasinières, par déformation de césarinière, ARCUS CÆSARIANI. Ils furent bâtis sur les bords du Rhône de Lyon jusqu'à Genève comme système de défense contre toute invasion probable des Helvétiens. Des restes d'aqueducs seraient encore visibles à certains endroits entre Miribel et Lyon.

“Ces chemins souterrains, dont quelques parties ont été mises à nu par le Rhône, lorsque ce fleuve quitta les balmes Viennoises, au commencement du XIV° siècle, pour se frayer un nouveau lit le long de celles de Bresse, sont à double voie, et servaient de communication secrète à cette chaîne de forteresses qui furent élevées dans l'intérêt et pour l'affermissement de la domination romaine dans les Gaules. Ces voies, qui ne sont séparées que par un mur de 70 cm d'épaisseur, ont chacune une largeur intérieure de deux mètres, sur deux mètres soixante-et-seize centimètres d'élévation; elles sont voûtées à ceintre plein, et construites en gros moellons et béton. Indépendamment des deux voies parallèles, on a encore pratiqué de distance à distance des retraites ou voies d'attente, pour faciliter sans doute la circulation, et éviter l'embarras des rencontres.”

Elles ont des parties encore bien conservées au bas du village de Neyron.

Le père Menestrier, dans son Histoire consulaire  de la ville de Lyon, 6e dissertation, page 36, dit, en parlant de cet aqueduc : «J'ai trouvé dans une description des vignes de Saint-Sébastien ou de La Croix-rousse du côté du Rhône, dans le territoire de Pulvérose, qui est entre le grand chemin de Lyon à Neyron, et un autre chemin tirant du soir au matin vers le Rhône, qu'il y avait un aqueduc le long d'une voie militaire des Romains. On voit encore plusieurs ruines de cet aqueduc le long du Rhône, depuis le boulevard Saint-clair jusqu'à Miribel, et à Montluel, où il devait prendre l'eau du Rhône. Cet aqueduc ne servait autrefois qu'à conduire les eaux nécessaires aux artifices des machines du quartier Saint-Sébastian[1]....» Cet aqueduc n'a pas été construit pour porter les eaux du Rhône à Lyon; autrement on lui aurait conservé une pente presque horizontale, afin de ménager son dégorgement sur le plateau de La Croix-rousse

L'histoire de Neyron est intimement liée à celle de Miribel et de la région.

L'aqueduc qui longe le Rhône servait de communication secrète à la chaîne de forteresses qui furent élevées sur les bords du Rhône et, particulièrement celle de Miribel, qui avait autrefois le nom de Mire Bellum.. Les Celtes, fatigués des incursions des différents peuples de Germanie, reçurent César, non comme un ennemi, mais comme un protecteur. Lassés d'habiter les forêts, ils vinrent construire des habitations autour des forteresses. C'est ainsi que le château de Mire Bellum, appelé plus tard Miribel, fut entouré de plusieurs constructions, et la ville naissante prit le nom de la forteresse. L'enceinte de cette dernière s'étendit immédiatement au sud jusqu'au pied du coteau, et la largeur d'ouest en est atteignait cinq cents mètres[2]. Les maisons avaient des murs très épais et des ouvertures petites et peu nombreuses. La ville ressemblait à une immense forteresse.

Peu de temps après sa fondation, la ville fut réunie à la Gaule Lyonnaise et fit partie de cette province jusqu'en l'an 456, après la défaite de Richiaire par Gondeuch, roi des Bourguignons et la réunion à ce royaume des provinces du Lyonnais, du Vivarais et de la Haute-Provence.

À la mort de Gondeuch, ses fils se partagent le royaume. Chilpéric prend la Bresse, Gondemar le Bugey, Gondebaud Autun et la Franche-Comté, et Gondégisille la Savoie et la Suisse.

Chilpéric était orthodoxe et Gondebaud arien. Aussi, la brouille s'instaure entre les frères. Gondebaud demande secours à Gondégisille. Chilpéric demande assistance à Gondemar. Gondebaud est vaillant mais cruel. Ses frères font alors appel aux Allemands et c'est donc une période de pillage. Gondebaud, affaibli, fait traîner la guerre en longueur. Il est chassé de province en province et se retrouve acculé à Autun où il perdit la bataille malgré des efforts pour rassembler ses troupes. Il échappa à ses ennemis à la faveur d'un déguisement. Ses états furent partagés entre ses frères qui régnèrent à Vienne en toute sécurité. Mais Gondebaud réapparaît soudain à la tête d'une armée aux portes de la ville. Il assiégea la ville et remporta l'assaut. Il fit trancher la tête à Chilpéric et à ses fils. Gondemar fut brûlé dans une tour où il suppliait son frère de lui accorder la vie. La fureur de Gondebaud s'étendit jusque sur les femmes de ses frères car le Rhône fut leur tombeau. Seule Clotilde, fille de Chilpéric, fut épargnée. Sa jeunesse, ses pleurs et sa beauté désarmèrent le cruel vainqueur qui se contenta de la reléguer à Genève, dans une maison qui lui était dévouée.

Clovis (né en 466, roi des Francs de 481 à 511), dont la célébrité commençait à se répandre, eut pitié de la princesse, la prit sous sa protection puis l'épousa en 493. Trois ans plus tard, il fait la conquête de la Bourgogne trop affaiblie par les luttes intestines.

Après la mort de Clovis, ses fils se partagèrent ses états. Clodomir fut élu roi de Bourgogne, et Miribel fit partie de ce royaume jusqu'en 943, époque de la création du Comté de Mâcon, sous Louis IV, dit d'Outremer. Miribel appartint donc à ce Comté jusqu'au milieu du douzième siècle, époque où elle passa dans la maison de Chalons dirigée par Guillaume, comte de Chalons

En 1033, il y eut une longue famine dans tout le Midi de la France et la région de Miribel ne fût pas épargnée. Les gens mangèrent bêtes et oiseaux, puis des herbes marécageuses et de la chair humaine. Le pain était fabriqué avec de la farine ou du son mélangé avec une terre blanche semblable à de l'argile. Il y eut beaucoup de maladies contagieuses. Les familles enterraient leurs morts à l'intérieur des habitations. Les loups sortirent des forêts et mangèrent les cadavres et les moribonds[3].

Miribel fut sous la dépendance de Guillaume de Chalons jusqu'en l'an 1185. Béatrix de Chalons, sa fille, le reçut en dot en épousant Ulrich, seigneur de Bresse et de Baugé. Ils eurent un fils du nom de Guy de Baugé qui prit la qualité de seigneur de Miribel. Ce dernier trouva la mort prématurément en Palestine, pendant la guerre des Croisés. Marguerite de Baugé, fille unique et seule héritière, épousa le 15 juillet 1219 Hubert de Beaujeu, V° du nom; le seigneurie de Miribel entra alors dans la maison de Beaujeu. Son sceau représentait un homme à cheval, et avait pour légende : “S. Guidonis de Baugiaco domini Miribeli”. Il servit le roi Philippe-auguste, contre les Albigeois en 1211; fit le voyage de Saint-Jacques de Compostelle, et se trouva à Constantinople en 1228, au couronnement de Baudouin II de Courtenay. Il fut élevé à la dignité de connétable de France par saint Louis. Après avoir fait son testament en 1248, il mourut le 7 juillet 1251 en laissant plusieurs enfants dont Guichard, Isabeau, Florie et Jeanne, prieure de la Chartreuse de Poletein.

Les seigneurs de Montluel, propriétaires d'un château construit en 1176 sur le coteau à une lieue et demi de Miribel, commencèrent à cette époque à se faire remarquer. Hubert, seigneur de Montluel, était jaloux de la puissance des sires de Beaujeu sur la ville de Miribel. Il déclara, par ses lettres du 6 mars 1276, le village, château, bourg et habitants de Montluel libres et francs de toute taille et autres tributs. Il concéda à ceux qui y viendraient habiter de notables franchises, prérogatives et immunités, à la réserve, bien sûr, qu'aucun habitant ne pourrait aller demeurer dans les états des sires de Beaujeu, dont Miribel et la Dombes faisaient partie.

Les seigneurs de Miribel firent beaucoup pour la communauté ce qui facilita l'agrandissement de la ville. Des maisons furent construites au nord du château, les limites furent étendues jusqu'au chemin de Lyon à Montluel par la Bresse et au midi jusqu'à la rivière Sereine qui, à l'époque, baignait les balmes du Rhône; le fleuve longeait les balmes Viennoises jusqu'à Villeurbanne, traversait la plaine des Brotteaux en formant une espèce d'archipel, passait devant Lyon et allait s'unir à la Saône près d'Ainai.

Les limites de Miribel s'étendaient à l'est jusqu'au creux appelé Colle ou Collou, et à l'ouest jusqu'à d'autres creux nommés Bollés.

La puissance et la juridiction des seigneurs de Miribel s'étendaient depuis les limites des possessions d'Hubert de Montluel, un peu au nord de Saint-Martin, englobaient toute la superficie comprenant les villages de Neyron, Rillieux, Sathonay, Caluire, Saint-clair et se limitaient par le cours du Rhône, en remontant jusqu'au port de la Riorte et comprenant les villages de Vaux et Thil.

Pour ne pas payer de droits de transit aux comtes de Lyon, les sires de Beaujeu firent construire une route qui traversait la Dombes, devenue leur patrimoine depuis le mariage de Marguerite de Baugé. Cette route communiquait au Rhône à un lieu appelé la Riorte qui devint un port d'une certaine importance.

Guichard IV, troisième seigneur de Miribel, épousa Blanche de Chalons, et mourut sans avoir d'enfants le 9 mai 1265. Ayant été satisfait de la bonne conduite des habitants de Miribel, il leur avait accordé en juin 1253 des privilèges qui furent confirmés en novembre 1273 par Louis de Forez, son successeur.

En effet, Ysabeau, fille aînée d'Hubert V, devenue, par la mort de son frère Guichard, héritière de la seigneurie de Miribel, avait épousé en premières noces Simon II, seigneur de Semur, puis en 1247 avait épousé Renaud Ier, comte de Forez, qui devint quatrième seigneur de Miribel.

De ce second mariage, elle eut deux fils, Guigues et Louis. Louis en succédant à Renaud, prit le nom et les armes de Beaujeu. Il fit son testament le 13 mai 1294 et mourut peu de temps après, en mauvais termes avec l'archevêque de Lyon. Il avait épousé en 1270 Alionore de Savoie, dame de Châteauneuf, fille de Thomas II prince de Piémont et morte le 6 décembre 1296. Il eut d'elle Guichard V, sixième seigneur de Miribel. Les autres enfants furent Hubert seigneur de Montmerle, Guillaume chanoine et comte de Lyon, et Marguerite-Léonore-Catherine qui épousa Jean de Châteauvillain, seigneur de Leczé.

“Guichard V, surnommé le Grand, fils du précédent seigneur de Beaujeu, conseiller et chambellan du roi de France, Philippe le Bel, en succédant à son père se trouva malgré lui enveloppé dans les querelles que l'archevêque de Lyon lui avait suscitées au sujet du paiement des cens et servis d'un breuil ou brotteaux, près de Lyon; mais une commission nommée du consentement des parties mit fin à ces débats, en déclarant, par sentence rendue en juin 1298, que Guichard de Beaujeu était seul possesseur des îles et brotteaux sur le Rhône, jusqu'au pont de La Guillotière[4].”

Pour s'attacher les habitants, Guichard de Beaujeu leur vendit le 2 juillet 1307 tous les pacquiers qui se trouvaient sur le Rhône dans l'étendue de cette seigneurie jusqu'à Crépieux. Également pour éteindre les querelles avec l'archevêque de Lyon, il vendit, quelques années plus tard, tous les brotteaux, et céda la juridiction qu'il possédait sur le Rhône, depuis le pont de La Guillotière jusqu'à la gorge aux Travaux-des-Sarazins[5].

En 1316, trois religieux du monastère d'Ambronay tuèrent leur abbé et remirent la ville à Jean, dauphin du Viennois. Or, elle appartenait à Amédée V, comte de Savoie, d'après le traité de Villars du 10 juin 1314. Le comte vint alors dans le Bugey avec ses troupes auxquelles se joignit Guichard de Beaujeu. Ambronay fut alors remis au comte de Savoie et le monastère fut pourvu d'un autre abbé.

Le dauphin Jean du Viennois, apprenant que Guichard de Beaujeu s'était fait l'auxiliaire du comte de Savoie, vint avec une armée assiéger Miribel. Il parvint à corrompre le gouverneur, et la place lui fut lâchement livrée après quelques jours de combat. Le traître fut pendu à l'une des portes du château par ordre du dauphin. Au cours des combats plusieurs maisons furent détruites par des pierres lancées par les machines de guerre. Aussi beaucoup d'habitants abandonnèrent leurs maisons et vinrent en construire d'autres sur le plateau et au pied de la colline. Dès ce moment la ville de Miribel commença à s'étaler et on vit s'élever les hameaux du Mas-Rillier et la Combe.

[Le nom de Mas-Rillier vient du mont Réal, couronnement du plateau à l'ouest du château, où fut bâti, en 1553, une maison qui porte encore sur le fronton du portail de son entrée les armes des archevêques de Lyon, avec cette légende “Nostra laus unica vivet” (notre gloire seule vivra), sont incrustées dans un des murs intérieurs de cet édifice.]

C'est à cette époque que se formèrent les villages de Neyron et Ventiat. Le port de la Riorte donna naissance au village de Thil. Rillieux n'était qu'un hameau se composant d'un petit fief sans justice et occupé par un bourgeois ayant une maison forte. Sathonay dépendait de Miribel et avait une baronnie. Vaux était une annexe du prieuré de Saint-Romain de Miribel.

Rillieux, Neyron, Thil et Ventiat étaient, en 1571 impuissants à se défendre contre les vagabonds et maraudeurs. Aussi, le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, fit une ordonnance, le 27 décembre 1571, enjoignant ses officiers, baillis et châtelains de punir sévèrement les soldats qui auraient rançonné ou molesté les habitants de ces hameaux.]

En septembre 1326, un traité fut conclu entre Guichard de Beaujeu et le dauphin Guigues, en présence du comte de Savoie, de Humbert, sire de Thoire et de Villars, et de Monseigneur Chabaliaco, commis et député à cet effet par le pape Jean XXII. Ce traité remit Guichard de Beaujeu en possession de sa seigneurie de Miribel. Cependant, il cédait au dauphin les Échets et restreignait les limites de son mandement au nouveau cours du Rhône à partir de Crépieux. Vaux fut abandonné au dauphin.

Le traité à peine ratifié, une nouvelle querelle s'éleva entre Guigues, dauphin du Viennois, et le comte Édouard, ennemi acharné de Hugues, comte de Genève. Ce dernier assiégea le château de Varey en Bugey qui dépendait des possessions de Hugues. Il avait rassemblé à Bourg en Bresse toutes ses troupes y compris celles de Guichard de Beaujeu, son allié. Le siège à peine commencé, le dauphin du Viennois arriva avec une puissante armée. La rencontre des deux princes eut lieu dans la plaine de Saint-Jean-le-Vieux. Le comte Édouard fut vaincu et tous les seigneurs faits prisonniers. Guichard de Beaujeu était du nombre. Seul le comte de Savoie dut sa délivrance au courage de trois de ses seigneurs. Parmi les prisonniers citons également Robert, fils du duc de Bourogne, et le comte d'Auxerre.

Guichard de Beaujeu, pour obtenir sa liberté, fut obligé de donner les seigneuries de Meximieux, du bourg Saint-Christophe, Montellier, Corsieu et Montjeu. Il fut également réduit à prendre en fief du dauphin les châteaux de Miribel et de Beauregard. Tout ceci se fit par le traité du 14 novembre 1327 à Saint-Vallier par l'entremise de Jean, comte de Forez, d'Aymar de Poitiers, comte de Valentinois, et Guillaume de Beaujeu, son frère.

Le prince Guichard V de Beaujeu mourut le 24 septembre 1331 après avoir servi sous Louis le Hutin, Philippe le Long, Charles le Bel et Philippe de Valois[6].

Édouard de Beaujeu, maréchal de France, fils de Guichard de Beaujeu, né le 11 avril 1316, fut le septième et dernier seigneur de Miribel. Il posséda la confiance de Philippe de Valois, battit les Anglais à Ardres en 1351 et mourut le jour de la bataille, des blessures qu'il y reçut.

Trois ans avant sa mort, il avait refusé de reconnaître la suzeraineté qu'il devait au dauphin du Viennois pour son château de Beauregard, selon le traité de Saint-Vallier. Aussi, Humbert II convoqua les milices de tous les bailliages du Dauphiné, et le 6 avril 1348, il vint avec une puissante armée assiéger Miribel. La ville céda aussitôt et fut livrée au pillage. Les troupes du sire de Beaujeu n'ayant reçu aucun renfort livrèrent le château le 22 avril. Édouard de Beaujeu rassembla toutes ses troupes restantes pour tenter de reprendre sa ville et son château. Mais le comte de Forez, ainsi que Geoffroy Charin et Pierre Flotte, commissaires du roi, intervinrent au nom du roi pour tenter un accommodement. Il fut conclut une trêve qui devait durer jusqu'à la Toussaint. Mais le dauphin sous prétexte que le clergé du Dauphiné s'opposait à la restitution de sa conquête et étant sur le point de faire un traité avec le roi de France, unit Miribel à ses états par lettres datées de Crémieux, le 12 mai 1348.

Édouard abandonna alors cette seigneurie. La maison de Beaujeu cessa de régner sur la ville de Miribel.

“Charles de France, successeur de Humbert II dauphin du Viennois, devenu seigneur de Miribel d'après la donation des états du Dauphiné au roi de France, conformément au traité qui fut passé à Romans en mars 1349, confirma par lettres patentes données en la même ville le 21 août de la même année, toutes les franchises et autres droits acquis aux habitants de la ville de Miribel, et ordonna par les mêmes lettres patentes à ses baillis, juges et procureur de Valbonne et à ses châtelains de Montluel[7] et de Miribel, d'observer et garder inviolablement lesdites libertés, privilèges, franchises, et autres droits contenus dans les titres dont la communauté de Miribel était en possession.”

 Les ducs de Savoie furent les successeurs des sires de Beaujeu par le traité du 5 janvier 1354 entre le roi Jean, Charles son fils aîné dauphin du Viennois, et Amédée VI, dit le comte Vert. Ils s'empressèrent de fortifier et d'agrandir le château. Ils accordèrent également d'immenses avantages aux habitants de Miribel. Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie et tutrice d'Amédée, comte de Savoie, étendit ces privilèges et en accorda de nouveaux par lettres patentes.

Parvenu à sa majorité, Amédée, comte de Savoie, ratifia les lettres patentes accordées par Bonne de Bourbon, sa mère. Il fit également, par lettres patentes données à Bourg le 24 janvier 1409, remise pleine et entière aux bourgeois et habitants de Miribel d'un cens ou servi de quarante quatre livres viennoises qu'ils étaient tenus de compter tous les deux ans à leur seigneur. Cette remise leur fut accordée en raison de grands maux éprouvés lors de la grande peste de 1348.

Le 11 novembre 1416, à Chambéry, par lettres patentes il accorda à tous les hommes du mandement de Miribel le droit de chasser toute sorte de bêtes sauvages.

Le 4 juin 1463 à Pont-d'Ain, il fit un acte de vente aux habitants de la communauté de Miribel de tous les bois des îles et brotteaux non albergés qui se trouvaient dans l'étendue et juridiction de leur mandement. En voici un extrait : «Au contraire, les susdits hommes de Miribel contre les choses susdites[8] à eux proposées répondirent et dirent que toute ancienneté, pour la teneur de leurs franchises et abergements obtenus de nos très illustres prédécesseurs, d'heureuse mémoire, les seigneurs dudit lieu, lesquels pour ces fins ils nous ont exhibé et fait voir qu'ils ont eu et ont encore droit et faculté aux susdits brotteaux, à savoir depuis le port de la Riorte jusqu'au lieu de Crépieux, et entre les autres limites désignées es lettres desdites franchises, et selon leur volonté librement faire repaître, tenir et mettre en tout temps leur bétail.»

La vente fut, à la demande des syndics de Miribel, confirmée par Amédée IX, à Chambéry, le 30 mai 1465, et par lettres patentes de Philippe de Savoie, données à Bourg le 25 août 1468.

Plus tard, par lettres patentes du 21 mai 1499, Philibert le Beau, duc de Savoie, céda un surplus des bois des îles et brotteaux.

“Les droits et privilèges de la ville de Miribel furent encore confirmés en 1489 par Charles , duc de Savoie, en 1497 par Philippe II, et en 1498 Philibert II confirma par ses lettres patentes données à Genève le 31 mars, non seulement les droits et franchises de la communauté de Miribel, mais encore les privilèges des habitants de tout le mandement.”

Les syndics de la communauté de Miribel obtinrent également, par un traité passé avec Antoine de Varey le 28 avril 1504, la remise de toutes les îles et brotteaux qui se trouvaient depuis Crépieux jusqu'à Neyron.

En 1508, la vente et tous les privilèges que possédait la ville de Miribel furent confirmés par Charles III, et Marguerite d'Autriche, duchesse de Savoie, fondatrice de l'église de Brou, ordonna qu'un cartulaire[9] serait composé de toutes les chartes, édits, lettres patentes et autres écrits constituant les droits et privilèges de la communauté de Miribel. Ce cartulaire fut homologué le 25 septembre 1527, par Benoît de Fabry, docteur en droit, et lieutenant-général au bailliage de Bresse.

Des troubles survinrent en France à la mort de Louis XII. Le duc de Savoie, Charles III, en profita pour s'emparer du marquisat de Saluces. François 1er, successeur de Louis XII, ordonna, le 11 février 1536, à l'amiral Brion d'entrer avec ses troupes dans les états de Savoie. La Bresse, le Bugey et le Valromey furent conquis et occupés.

Jacques Gondran, conseiller au parlement, et garde des sceaux de la chancellerie de Bourgogne, et le chevalier comte de La Baume reçurent les pouvoirs pour recevoir, au nom du roi, la soumission de toutes les villes et châteaux nouvellement conquis. Ils se présentèrent à Miribel le 25 mars 1536 et sommèrent Jacques Houlard, châtelain dudit lieu, de leur donner, au nom du roi, les clés du château. Tous les habitants de Miribel furent assemblés pour donner serment de fidélité au roi de France, leur nouveau monarque. Ce fut dans l'hôtel du gentilhomme Claude de Crues, la salle commune étant trop petite, que tous les habitants de Miribel jurèrent sur l'Évangile. Ce serment fut fait sur la promesse que tous les droits et franchises leur seraient conservés. Ils le furent en effet par une confirmation par lettres patentes de Henri II, données à Villié le 15 juillet 1550.

Par le traité de Cambrai passé par François II, le 3 avril 1559, le duc Emmanuel-Philibert s'engagea à restituer le marquisat de Saluces qui avait été usurpé par Charles II. Par ce traité l'une des principales provinces de ses états fut rendue à la Savoie, ce que fit Charles IX, successeur de François II. C'est ainsi que la ville de Miribel se retrouvait sous la puissance des ducs de Savoie et procura à ses habitants l'avantage d'avoir pendant quelque temps le roi de France dans ses murs. En effet, le roi, lorsqu'il vint à Lyon en 1564, apprit que le duc et la duchesse de Savoie se disposaient à venir lui présenter leurs hommages. Charles IX vint alors les attendre à Miribel et dîna au château le 4 juillet 1564.

Les droits et privilèges furent de nouveau confirmés le 29 août 1584 par Charles-Emmanuel, dernier duc de Savoie ayant régné sur Miribel.

Miribel fut donné en fief à Jean-Louis Coste, comte de Châtillon, puis à Henriette de Savoie, marquise de Villars. Les baronnies de Miribel, Loyette, Montellier et Sathonay furent ensuite érigées en marquisat par un traité fait à Montluel, le 21 octobre 1579.

Lors des dissensions entre la ligue et Henri, roi de Navarre, au sujet de la couronne de France, Charles-Emmanuel s'empara de nouveau du marquisat de Saluces. Henri IV, une fois sur le trône de France, pénétra immédiatement dans les états du duc de Savoie. Or Miribel était à la frontière des états. La ville fut en proie d'une guerre horrible. Les officiers du seigneur d'Ornano chargés d'en faire le siège placèrent de nombreuses pièces d'artillerie. Le château et la majeur partie des maisons furent détruits. Le 9 mars 1594 Miribel fut de nouveau soumis à la royauté de France et cessa pour toujours d'appartenir au duché de Savoie.

Le château fut démantelé, les murs d'enceinte furent en partie abattus. Les habitants s'installèrent sur le coteau et au pied du coteau comme leurs ancêtres en 1316. Quelques uns se fixèrent auprès du monastère de Saint-Martin pour former le hameau du même nom. Miribel n'était qu'un amas de ruines. On reconstruisit quelques chétives habitations ainsi qu'une ferme appelée la grange de La Poype, au sud-ouest du château. Cette ferme a existé jusqu'au début du dix-huitième siècle.

De 1581 à 1582, la peste fit un tel ravage que les cimetières furent insuffisants. On fut obligé d'enterrer les morts dans un champ appelé les Bretelattes, situé au nord-ouest de la ville.

“Comme Henriette de Savoie, veuve de Melchior Desprès, chevalier, seigneur de Montperrat et gouverneur de Guienne, s'était mariée en secondes noces à Charles de Lorraine, duc de Mayenne, elle conserva sous Henri IV les mêmes droits sur le marquisat de Miribel qu'elle tenait des ducs de Savoie : elle donna ce marquisat en dot, du consentement de son mari, par contrat passé à Paris le 28 août 1611, à Gabrielle sa fille, épouse de Jean de Saulx, vicomte de Tavanes, fils de Gaspard de Saulx de Tavanes maréchal de France, et de Françoise de La Baume-Montrevel.”

Henri Saulx, lieutenant-général en Bourgogne, chevalier d'honneur au parlement de Dijon, troisième marquis de Miribel, épousa en novembre 1635 Marguerite de Poitiers, seconde fille de René, duc de Tresne. Il mourut le 11 octobre 1653 sans avoir d'enfants. Le marquisat de Miribel passa alors dans la seconde branche de Saulx.

“Noël de Saulx, comte de Beaumont, quatrième marquis de Miribel, avait épousé Gabrielle Jaubert de Barrault en 1666, laquelle resta veuve en 1679. Leurs enfants sont Louis-Armand Marie, et Marguerite-Henriette, mariée en premières noces à Louis de Montsaulnin, marquis de Montal, mort en 1686; et en secondes noces à Eustache-louis Marion, marquis de Druys, dont elle resta veuve le 4 octobre 1693.

“Louis-Armand-Marie Saulx de Tavanes, cinquième marquis de Miribel, baron de La Marche, seigneur de Chambole, s'était marié à Catherine de Choiseul de Chevigni, dont il eut en 1705 Louis-Henri, et dont il avait eu le 24 mars 1704 Maximilienne-Emmanuelle-Marie-Anne.

“Louis-Henri Saulx-Tavanes, héritier du précédent, sixième marquis de Miribel, lieutenant-général des troupes de Bavière, ci-devant commandant des grenadiers à cheval de l'empereur Charles VII, et l'un de ses chambellans, mourut à Paris dans le célibat, le 13 janvier 1747.

“Dès lors Miribel perdit cette prééminence qu'il possédait depuis le douzième siècle, en honorant de son nom des princes ou des seigneurs qui le transmettaient à leur postérité comme un titre de haute distinction.”

Henri Saulx étant mort sans avoir eu des enfants, les héritiers vendirent le marquisat de Miribel à M. Louis Chapuis, seigneur de Margnola, qui devint ainsi le septième marquis de Miribel. Louis Chapuis céda ce titre en 1736 à M. de Juis qui, lui, pour des raisons personnelles, aliéna le marquisat en 1767 au profit de M. de Pure. Ce dernier conserva le titre de marquis, quoique n'ayant pas payé le prix de l'acquisition (153 000 livres), jusqu'à l'époque de la suppression de toute prérogative nobiliaire, par un vote de la Constituante dans la nuit du 4 au 5 août 1789.

“Une partie de la justice du marquisat de Miribel avait été aliénée en 1656 par Noël Saulx de Tavanes, marquis de Miribel, au profit du sieur Pillehote, bourgeois de Lyon et propriétaire du château primitif de La Pape. Le sieur Savoy, successeur du précédent, obtint en 1727 de Louis-Henri Saulx de Tavanes la cession de la justice haute, moyenne et basse des lieux de Rillieux et Caluire; dès lors ces deux communes cessèrent de faire partie du marquisat de Miribel.

“La loi du 5 août (1789), en enlevant à Miribel son marquisat et ses tribunaux, détruisit sa prépondérance politique pour la faire rentrer dans le droit d'unité, qui était si nécessaire au bonheur du corps social entier. Les derniers juges qui rendirent la justice dans cette commune, furent MM. Bremont et Baillot.

“Les événements de 1789 ayant introduit de nouvelles formes, l'administration de la ville, qui avait été jusqu'alors entre les mains des syndics, passa sous la surveillance d'un maire et de deux adjoints.”

Quant aux privilèges de la communauté de Miribel, ils furent maintenus aussi longtemps que les habitants les défendirent. En effet, ils furent confortés par les lettres patentes du roi Louis XIII en janvier 1613; lettres entérinées et enregistrées au parlement de Dijon, le 4 juin 1613. La communauté dut ensuite se défendre contre un édit du roi Louis XIV publié le 14 janvier 1666 et stipulant que toutes les îles, îlots et attérissements se trouvant dans les rivières navigables seraient réunis au domaine de la couronne. Le conseil d'état confirma la possession et la jouissance des îles et brotteaux par l'arrêt qu'il rendit le 3 mars 1667. En contrepartie, les habitants de Miribel durent payer des taxes qui leur furent demandées les janvier 1698 et 3 septembre 1719.

“L'article 170 du rôle arrêté en conseil du roi porte textuellement que la communauté de Miribel est imposée audit rôle pour les îles, îlots et brotteaux qu'elle possède près de Miribel, Thil, Neyron, etc.

Tout ceci attisa la convoitise des paroisses environnantes telles que Jonnage, Mézieux, Dessine, Charpieux, Chassieux, Vaux et Villeurbanne. De nombreux arrêts furent rendus contre elles au conseil d'état le 13 novembre 1666, le 22 avril 1667, les 29 février et 24 avril 1668, le 6 novembre 1669, le 22 avril 1722 et le 19 avril 1729. Un arrêt définitif a été rendu le 21 juillet 1733. À tout cela il faut ajouter les prétentions de demoiselle d'Elbœuf et du duc de Saint-Aignan qui donnèrent lieu à d'autres arrêts.

Ces débats et contestations durèrent soixante-huit ans ! Citons toutefois que c'est en grande partie grâce à Maître Jean Laurent, notaire de la communauté, que la ville de Miribel sortit toujours victorieuse de toutes ces difficultés.

“La communauté de Miribel, raffermie dans l'exclusive possession des îles et brotteaux de son mandement par l'arrêt qu'elle avait obtenu au parlement de Dijon le 21 juillet 1733, crut devoir, sans inconvénient, user envers les habitants de Neyron, avec qui elle était par sa proximité en rapport journalier, d'un acte de gratitude et bon voisinage en tolérant le pâturage de leur bétail dans l'île qui fait face à leur commune.”

Les habitants de Beynost crurent qu'il en était de même pour eux et envoyèrent leur bétail sur l'île ou brotteau à Rat qui était le plus à proximité. La sentence du 26 mars 1774, signifiée par huissier le 23 juin, servit d'avertissement aux autres paroisses tentées de suivre cet exemple.

Mais la haine couvait dans les communes avoisinantes. Un des habitants de Miribel, nommé Berlie, fut lâchement assassiné; il fut tué en 1787 d'un coup de feu venant du Dauphiné alors qu'il était occupé à couper du bois. On ne trouva jamais l'auteur du meurtre.

Un arrêt rendu au parlement de Dijon le 7 mai 1776 mit fin définitivement à ces misérables et honteuses querelles. Et la révolution de 1789 mit un terme à toutes ces prérogatives...

 

ANNEXE : arbre généalogique de la famille de Saulx de Tavanes



[2] En creusant une pièce de vignes aux Terreaux, on trouva, il y a trente ans, une ligne de tubes en terre cuite qui a dû servir à distribuer les eaux dans la partie basse de la ville. On trouve encore également dans toute l'étendue de la côte des fondations de murs

Retour au paragraphe

[3] D.M. Bouquet, Recueil des Historiens des Gaules et de la France, -  Chronique de Raoul Glabert.

Retour au paragraphe

[4] Paradin, Histoire de Lyon, Liv. II, chap 54. - Saint-Aubin, Histoire ecclésiastique de Lyon, cinquième partie, section 16.

Retour au paragraphe

[5] Actuellement montée de la Boucle.

Retour au paragraphe

[6] Rappelons-nous les derniers rois Capétiens directs : Louis X le Hutin 1314-1316 - Jean 1er , fils posthume de Louis X 4 jours en 1316 - Philippe V le Long frère de Louis X 1316-1322 - Charles IV le Bel , frère du précédent 1322-1328

Retour au paragraphe

... et le premier roi de la famille des Valois : Philippe VI , fils de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel 1328-1350 et le début de la Guerre de Cent ans en 1346

Retour au paragraphe

[7] La ville de Montluel avait été réunie aux états du dauphin par la donation que lui en fit Jean de Montluel, en décembre 1325.

Retour au paragraphe

[8] Procès intentés par Jean d'Atriby contre les habitants de Miribel pour avoir fait des coupes de bois, pour se les approprier, dans les Brotteaux et abords du Rhône.

Retour au paragraphe

[9] Recueil de titres relatifs aux droits temporels d'un monastère, d'une église, etc... On a rédigé des cartulaires depuis le VII ° siècle.

Retour au paragraphe

Texte proposé par Monsieur Joël Dutilleul de Miribel.

 

Les informations contenues dans cette page sont données à titre indicatif exclusivement. 

Pour d'autres renseignements merci de contacter la mairie de Miribel

Brocanteurs/

Antiquaires

Les châteaux

Les étangs

Les circuits

Les marchés

Les restaurants

L'hébergement

Le cheval

Les sources

Les producteurs

Les artisans

Les golfs

La pêche

Les recettes

Contactez nous

Les partenaires

Tous droits réservés.   

Dernière révision : 06 octobre 2010 .

Liez votre site avec  La Dombes