La première mention d'une
Apothicairerie dans le Royaume de France remonte au XIII°
siècle.
Après l'accueil des pauvres par
les institutions ecclésiastiques durant le Moyen-âge, les
Apothicaireries se sont mises en place dans les hôpitaux et
les Hôtels-Dieu.
C'est ainsi qu'en 1495, un
premier document témoigne de l'existence d'une
Apothicairerie à l'Hôtel-Dieu de Paris.
Les Hôtels-Dieu deviennent alors
la traduction architecturale de cette nouvelle orientation
sanitaire, et les Apothicaireries, le témoignage d'un
savoir-faire ancestral.
La pratique pharmaceutique est
apparue dans les civilisations dès la plus haute antiquité.
Sa forme codifiée était placée
sous l'autorité du Dieu de la Médecine et la préparation des
médicaments relevait de rites à la fois culturels et
magiques.
Déjà, les trois ordres naturels
: le minéral, le végétal et l'animal, entraient dans la
composition des médicaments.
Ces connaissance ont été
formalisées dans de nombreux traités, par des auteurs comme
Hippocrate ou galien. Connue des médecins arabes au
Moyen-âge, cette science a suivi un long parcours, pour
s'étendre à l'occident, à l'époque moderne.
Les progrès de la médecine se
sont traduits par les constructions récentes et par
l'adaptation fonctionnelle des bâtiments hospitaliers, qui
ont cependant su conserver leur caractère.
Ainsi cette architecture devenue
un élément du paysage urbain témoigne de l'héritage
historique.
De même, tous les instruments
des Apothicaireries et leur décoration intérieure rendent
compte de l'évolution des pratiques pharmaceutiques au cours
des siècles.
Aujourd'hui, les bâtiments et
les collections qu'ils renferment sont pour la plupart
inscrits ou classés au titre des Monuments Historiques.
Visite
de l'apothicairerie :
Se renseigner auprès de l'office de tourisme
pour les heures d'ouverture car l'apothicairerie sera fermé
pour environ 2 ans début février 2010.
Histoire de l'apothicairerie :
Une maladrerie est mentionnée en dehors de la
ville dès 1391, près de la porte de Saint-Bernard. Dans la
seconde moitié du XVIIe siècle, la nécessité de construire
un hôpital plus vaste et mieux adapté se fait sentir.
L'initiative de projet revient à Claude Cachet de Montezan,
comte de Garnerans, conseiller au Parlement, qui assure la
direction des travaux, voire même une partie du financement.
Par lettre patente de 1686, la souveraine de Dombes,
Anne-Maire Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier, dite
"La Grande Mademoiselle", fonde l'Hôpital et Maison-Dieu.
Toujours à son emplacement d'origine, l'apothicairerie
jouxte l'ancien hôpital et ouvre sur le jardin.
Le bâtiment principal s’ordonne autour d’une cour carrée
avec deux éléments dans les angles un peu plus haut, en
forme de tours carrées. Au sud-ouest, un jardin à la
française est bordé de pavillons modernes. L'apothicairerie
subsiste en l'état jusqu'à la fin du XIXe siècle. Un
inventaire de 1865, permet d'imaginer l'importance de
son activité. Pas moins de 156 pots en faïence de formes
diverses, 1200 fioles, 210 pièces en étain servaient à
conserver et à présenter onguents, sirops, électuaires,
élixirs, confections, semences. L’hôpital a été
totalement rénové en 1986-1987.
L'apothicairerie est située dans une pièce entièrement
recouverte de boiseries de chêne qui ne semblent pas
d'origine mais de la seconde moitié du XVIII° siècle.
Contrairement aux autres apothicaireries, où les placards
fermés sont dans les parties basses des boiseries, les
tiroirs sur une bande médiane et les parties hautes
découpées en bande verticales et horizontales, ici, l'espace
est divisé plus arbitrairement. Les pots occupent toutes les
positions sur les étagères et il en va de même pour les
tiroirs.
Les pots en faïence (argile émaillée qui présente le double
avantage d'être résistante et imperméable) ont une double utilité : ce sont des
pots de monstres mais aussi des pièces d'usages. Ils
contiennent produits et préparations. Tout le matériel
nécessaire à la fabrication des médicaments ou à leur
délivrance aux malades ne se trouve pas dans
l'apothicairerie. Nous relevons différents noms et
drogues sur les pots :
-
Thériaque : D'après le Dictionnaire de Trévoux : la
Thériaque est un nom que les anciens ont donné à diverses
compositions qu'ils croient propres contre les poisons et
est composé d'un grand nombre d'ingrédients. Le principal
est la chair de vipère, Andromaque le père , médecin de
l'Empereur Néron en est l'inventeur. La thériaque est
propre contre les morsures de bêtes venimeuses, contre la
colique venteuse et contre les vers. On s'en sert aussi
pour les fièvres intermittentes et pour les cours de
ventre. On a fait beaucoup de cas de la Thériaque de
Montpellier, les apothicaires de cette ville la composent
tous les ans en public en présence de quelques professeurs
de l'Université.remède.
-
C. Hamec :Confection de Hamec, médecin arabe.
-
Tamarin : arbre dont l'écorce appliquée sur les
enflures, les empêche de gonfler, mais aussi contre les
morsures d'araignées et tue les poux.
-
Narbonne : miel réputé fabriqué à Narbonne.
-
S. Cichoré : S = sirop, R = racine, bonne pour
l'estomac, resserre le ventre et refoule les maladies.
-
Orvietan : éluctuaire antidote contre les poissons,
agent prophylactique contre la peste et tonique.
Il est plus que probable que la première série de pots en
faïence date
des premières années du XVIII° siècle et proviennent d'une
fabrique lyonnaise (encore à préciser). Il en reste 19
exemplaires, de forme ample et comportant cette belle
décoration en camaïeu bleu entourant les inscriptions.
Une nouvelle commande, fin XVIII° siècle, a porté sur un
grand nombre de pots. Elle se compose de 56 pots-canon en
faïence de Lyon et 28 pots pansus avec anses et couvercles
en faïence de Lyon. C'est sans
doute pour ranger cette nouvelle série de pots que les
boiseries de l'apothicairerie ont été refaites.
Il existe une petite série de huit pots en porcelaine de
Paris, du XIX° siècle (La faïence a été très appréciée des
apothicaires, son coût trop élevé explique son déclin au
profit de la procelaine) et quelques pièces isolées comme les 2
chevrettes, la bouteille de Nevers, les 2 grands pots de
Saint-Cloud provenant peut être d'une commande particulière
de médicaments.
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