Église
ouverte tous les après-midi.
La découverte dans
le chœur de l'église Saint Symphorien d'Illiat
d'une pierre d'autel du VI° - VII° siècle,
portant l'inscription "Proculus, prêtre dans
le Christ, a fait selon son vœu", permet de
penser que la paroisse est fondée à cette époque
par des moines venus de Saint Symphorien d'Ancelle,
soit d'Autun, soit de l'île Barbe.
Une donation du X°
siècle, au chapitre de Saint Vincent de Mâcon,
cite le nom de "villa Podoniaco", alors
chef-lieu de la circonscription administrative dite
"Ager Podiniacensis", et témoigne de
l'existence ancienne du hameau de Pionneins.
L'église saint
Symphorien a été construite au XII° siècle. En
huit siècles, les Illiatis modifieront plusieurs
fois le bâtiment sans détruire l'abside qui reste
en témoignage de cet age d'or éloigné que fut le
XII° siècle.
Le plus ancien curé
d'Illiat connu demande dans son testament de 1361,
à être enterré dans l'église et enjoint à ses
héritiers de graver sur sa tombe : "Ici se
trouve le tombeau de Barthélemy Vurpil, jadis
curé d'Illiat, que son âme repose en paix".
Au XVII° siècle,
des visites pastorales nous restituent la vie de
l'église. En 1614; son patron est déjà Saint
Symphorien. L'abbé de Cluny est présentateur de
la cure. On trouve alors dans la nef deux autels,
"celluy du costé de bize est la vocable Notre
dame de Pitié, et l'autre de costé de vent est
sous le vocable Saint Pancrace". La paroisse
compte alors 200 communiants et l'église, sans
maison curiale est en mauvais état. "La voûte
du sanctuaire est crevassée depuis la vitre estant
dernier le grand autel et la pierre de lad. La
voûte est en danger de tomber s'il n'y est pourvue.
La nef est presque toute descarronée, les vitres
d'icelle toutes ostées, la muraille de devant crevassée depuis l'arc de la grand porte jusque en
haut".
Une autre visite
pastorale, en 1654, nous apprend que l'église est
de nouveau en bon état et que la paroisse a 300
communiants.
Au XIX° siècle, on
ajoute au bâtiment deux chapelles latérales
(1836). Le clocher, roman, vraisemblablement
détruit à la révolution; est reconstruit au cours
de l'allongement de la nef en 1870.
La restauration du
choeur de l'église en 1890 a permis la découverte
de fresques qui paraissent dater du milieu du XII°
siècle.
Dans les inscriptions
qui subsistent, on ne remarque aucune lettre de
forme onciale. Les peintures ont été exécutées
à fresques : on y observe des joints de journée.
Les quatre arcades
décorées sont les seuls éléments qui subsistent
de l'ensemble de l'abside. le cul de four pourrait
avoir reçu un décor représentant le Christ en
Majesté. Le décor semble se lire comme un livre de
gauche à droite.
La première arcade,
placée à gauche, représente Saint marc, main droite
sur la poitrine, main gauche en direction des
personnages suivants qui sont disposés
successivement des deux côtés de la fenêtre axiale.
On peut distinguer au dessus de la première figure
une inscription en partie détruite mais lisible,
indiquant -MARIA- (une lacune importante nous prive
de l'identifier formellement).
Par contre, le nom de -MARIA-
figure en toutes lettres au dessus du second
personnage presque entier et qui tient une palme.
S'agit il des saintes femmes au tombeau ?
Dans une hypothèse on
peut supposer qu'il s'agit de deux des trois femmes
qui se sont rendues au tombeau et que Saint marc est
le seul à nommer. Soit : Marie Salomé, femme de
Zebédée et Marie Madeleine. On peut supposer que
l'une des femmes représentées soit la vierge Marie
accompagnée de l'une des femmes précitées.
Mais dans ce cas, ce serait plus proche de
l'évangile de saint Jean qui n'est pas présent. Si
l'on considère que le 4ème personnage portant deux
clés est bien saint Pierre (bien que son nom soit
effacé) la première hypothèse appuyée sur le récit
de saint Marc concernant les Saintes femmes est la
plus probable.
Saint Marc ayant été le
disciple et secrétaire de Saint Pierre.
Cette supposition
correspond également à l'ordre des personnages. de
gauche à droite : Saint Marc présentant les saintes
femmes qu'il nomme dans son évangile et Saint
Pierre, son Maître.
On ne peut qu'être
frappé par la logique de cette présentation qui
correspond exactement au désir des pères de l'Eglise
de procéder à l'identification du peuple de Dieu que
saint Pierre accueille
Propos de Robert Bouquin
, Restaurateur
L'abside romane est
ornée d'une arcature retombant sur six chapiteaux.
Trois arcades sont ajourées, les quatre autres ont
reçu un décor peint à fresque.
Les tailloirs situés au
dessus des chapiteaux, sont ornés de gauche à droite
de demi cylindres juxtaposés, de dent de scié, de
demi disques; de cordons tressés, et de bâtons
brisés.
Toujours de droite à
gauche , les bases archaïques sont agrémentées de
cordons tressés surmontés de petites feuilles, de
boudins et de gorges superposés.
La décoration des
chapiteaux est très variée.
Ainsi, de gauche à
droite, on peut remarquer :
-
une sirène a double
queue dont la main droite est posée sur la
poitrine, mais ce chapiteau a été aussi
martelé.
-
une tête de femme,
constituée de la même façon que le monstre à
tête grimaçante, au front bas, aux cheveux
ondulés par de petits plis parallèles, de part
et d'autres d'une raie et au nez triangulaire.
Cette femme se voile les yeux avec les mains
qui, elles, sont montées sur de petits bars
sortant d'amples manches.
-
un griffon (monstre
ailé, avec un bec d'aigle, et des serres aux
pattes) dont la tête à malheureusement disparue.
-
une série de
feuilles plates de plantes aquatiques, d'où
émergent deux volutes et une petite rose à
quatre pétales.
-
un masque grimaçant,
aux oreilles pointues, au front bas et au nez
allongé et droit.
-
des feuilles
d'acanthe épineuses occupant les angles où elles
se retournent légèrement.
Ces sculptures évoquent
le début du XII° siècle par les bases et les
tailloirs ornés. Elles ont été influencées par l'art
Clunisien, traduit ici par la présence de feuilles
d'acanthe épineuses et de monstres à queue enroulée.
L'influence de l'art viennois et méridional est
visible dans la structures des têtes grimaçantes.
tous ces motifs de sculptures sont répandus, à
l'exception de la tête à la face voilée qui est un
sujet assez rare.
Texte de J. F.
Reynaud
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