Situé sur le flanc du
village, à une altitude de 240 mètres, cet édifice, de style roman, qui serait
du XIIème siècle, est placé sous le vocable de Saint Jean
Baptiste, dont on découvre la statue, avec un agneau sur le
bras gauche, dans une niche extérieure au-dessus de la porte
d'entrée.
Les
murs ont une épaisseur dissymétrique : 130 cm sur celui du
nord, 90 cm pour celui du sud.
En arrivant à leur extrémité ouest, l'un et
l'autre s'élargissent en deux masses épaisses, au nord de 240
cm et au sud de 180 cm.
Quatre fenêtres (deux de chaque côté)
laissent pénétrer une timide clarté dans la nef, dont une
porte s'ouvre vers le sud. Une fenêtre également au sud,
éclaire le chœur.
Tournée vers l'est, selon l'usage médiéval,
l'abside semi-circulaire a des murs plus minces, flanqués de
deux contreforts, deux autres soutenant le bas du chœur.
Elle comporte trois baies en plein cintre,
mais celle du milieu, encadrée par deux colonnes surmontées de
chapiteaux, a été obturée.
Un porche en bois,
appelé "galonnière", restauré en 1978, protège la façade
et les peintures murales dont la réfection fut réalisée de
1994 à 1997. Les travaux ont permis de mettre à jour un
ensemble relativement important qui s'étend sur la partie
haute du mur, protégée par une grand galonnière. il ne s'agit
pas d'une fresque mais de peintures murales.
De
tels décors extérieurs devaient être fréquents à l'époque
gothique, mais les intempéries les ont fait presque tous
disparaître. Il ne reste çà et là que quelques infimes
vestiges (Buellas) ou des fragments de litres funéraires (Germagnat).
Seul le Saint Christophe peint sur une maison de Saint Sorlin,
peut témoigner, avec les peintures de Chaveyriat, de la
décoration extérieure d'un monument au moyen Age. L'intérêt de
cette façade est donc très important pour la connaissance de
l'art régional.
A
Chaveyriat, la peinture doit sa conservation à la présence de
la galonnière, dont les bois ont été datés par la
dendrochronologie de 1472 à 1474. L'examen des enduits
particulièrement autour des corbeaux soutenant la charpente,
montre que la peinture a été effectuée après la construction
de la galonnière. D'autre part, la partie du mur, qui a reçu
les couleurs au-dessus de la porte d'entrée, était à l'origine
aveugle. Elle fut percée d'une niche à une époque plus
récente, la statue de saint Jean baptiste, belle œuvre de la
fin de la période gothique, venant remplacer une figuration
peinte du même saint. Ce fait est confirmé par la présence, au
bas de la niche, sur le côté droit, d'une sorte de museau qui
est le vestige de la tête de la peau de chameau qui couvrait
Saint Jean Baptiste.
Le
programme iconographique de cette décoration est simple dans
son ensemble. De part et d'autre de la figuration centrale du
patron de l'église, remplacée comme on vient de le voir par
une statue dans une niche, on aperçoit des petits personnages
à genoux, en, prière aux pieds de saints qui eux se tiennent
debout.
Le
côté nord est plus lisible. A gauche, on reconnaît une piéta (piéta
est le nom italien donné aux représentations de la vierge
pleurant le Christ (Vierge de pitié), grandeur nature, dont il
manque la partie haute, avec un personnage agenouillé sur la
droite. Cette œuvre montre le drame douloureux de la mort. La
Vierge assise, désespérée, retient sur ses genoux le corps
inerte du Christ qui semble glisser vers l'abîme. Le culte de
la piéta s'est développé abondamment dans toute la région à
l'occasion de la peste qui a ravagé le pays particulièrement
dans les premières années du XVIème siècle.
Ensuite vient un petit personnage tourné vers la droite et
priant un saint debout dans une haute niche au décor
d'architecture. Enfin vient un petit personnage tourné vers la
droite et priant un saint debout dans une haute niche au décor
d'architecture. Enfin, plus à droite encore et près de la
niche, deux personnes de taille réduite, sans doute le mari et
la femme, sont en prière devant un autre saint., également
debout, lui aussi abrité dans un décor architectural.
La
partie sud du mur est plus mal conservé et les ^personnages y
sont moins nombreux. On peut se demander si elle n'est pas
restée en attente d'un ornement plus riche. Elle est toutefois
décorée de rinceaux de feuillages. Sous la bande d'encadrement
inférieure, on distingue, à-peu-près au milieu, un écusson
représentant un pot de terre ou plutôt d'étain. Il pourrait
être le blason d'une confrérie ou d'un artisan.
Les
saints figurés dans cette œuvre n'ont pas été identifiés et
aucune signature n'a été découverte. On remarque aussi que
certaines carnations (visage et mains) sont d'une couleur
presque noire. Cela est dû à un phénomène chimique
d'altération des couleurs originelles faites à partir de sels
et d'oxydes de plomb. Quant aux petits personnages, il n'y a
pas de doute qu'ils représentent les donateurs de ces
peintures, en prière devant les saints, probablement leurs
patrons ou des protecteurs. ce sont donc des figurations
d'habitants de Chaveyriat, vivant à l'extrême fin du XVème ou
au commencement du XVIème siècle. L'étude leurs habits n'a pas
permis de préciser s'il s'agit de nobles, de bourgeois ou de
simples paysans. A cette époque, dans la commune de
Chaveyriat, il y avait plusieurs familles nobles qui
possédaient les fiefs de Brosse, Chauveau, Corand, Curlaison,
Dhuisiat, Gérandes et Tournon. Au moins trois de ces familles
avaient un autel à l'intérieur de l'église.
On
peut dire que nous détenons la une œuvre d'un type devenu
très rare, qui date vraisemblablement du début du XVIème
siècle.
Recouverte d'un faux plafond portant la date
de 1867, la nef mesure 10,20 m de largeur et sa hauteur
approche les 10 mètres La longueur totale intérieure (nef,
chœur et abside compris) atteint 31,5 mètres.
Après le passage sous un arc triomphal d'une
belle ampleur, on peut remarquer des courbes en berceau qui
caractérisent la croisée du transept.
L'abside, dont la voûte ressemble à une
demi-coupole, renferme six magnifiques chapiteaux sur
colonnettes. Le sculpteur a surtout puisé dans le règne
animal, le décor végétal étant beaucoup moins représenté.
Le
faux plafond daté de 1867 a été enlevé en 2003 et la charpente
est devenue apparente. En cette même année, le carrelage fut
restauré et les murs repeints.
Le
clocher, dont la hauteur totale dépasse les 30 mètres, est
implanté latéralement, emplacement rarissime dans la région.
Durant la Révolution, il fut partiellement démoli en 1794,
puis complètement reconstruit au cours des années 1842 et
1843. Il est équipé de trois cloches. La plus ancienne,
acquise en 1855, pesant 460 kilos, a pour note "sol dièse"
avec une forte nuance élevée. Les deux autres reçurent le
baptême le 27 janvier 1952. L'une pèse 260 kilos et donne le
son "do", l'autre, d'un poids de 380 kilos, est "si bémol". Le
mécanisme de la sonnerie fonctionne électriquement depuis
1978.
En
1991, d'importants travaux furent exécutées : ravalement
extérieur des murs de l'église et du clocher; pose d'une
nouvelle couverture sur le clocher; remplacement du coq au
sommet de la flèche.
Depuis le 23 juin 1947, ce bâtiment figure sur l'Inventaire
supplémentaire des Monuments Historiques.
Texte de Félix Gerex à Chaveyriat - Mai 1995, Décembre 1998 et
Novembre 2005
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