Présentation de
l'état de l'oeuvre de Lucien Bégule.
Cette verrière rectangulaire
de 8,95 m de long par 3,55 m de large, oeuvre du maître verrier Lyonnais Lucien Bégule date de 1895 et se trouve dans la salle des délibérations de l'Hôtel du Département
-29,31, Cours de la liberté, Lyon 3eme, à 12 mètres de hauteur.
Ce vitrail horizontal
constitue une des rares oeuvres de cette dimension dans le département du Rhône.
Le thème représente les
symboles de l'activité économique du Lyonnais et du beaujolais s'inscrit dans la thématique choisit par le Conseil Générale à la fin du XIX° siècle, en accord avec la
Préfecture et le Ministère de l'Instruction Publique des Beaux-arts et des Cultes, pour le décor de la salle.
La peinture monumentale, en
hémicycle, de Louis-Edouard Fournier, a pour thème "Les gloires du Lyonnais et du Beaujolais".
Dans cette continuité et
dans le respect de l'harmonie architecturale, ce même auteur choisit le décor des voussures, dans un style proche de Puvis de Chavannes, les activités industrielles, commerciales
et agricoles du département du Rhône et de la ville de Lyon, dont l'industrie de la soie (magnanerie, filature, tissage) et l'agriculture.
La peinture de ces voussures
sur toile marouflées, fut achevée en 1904.
La verrière se compose de 52
panneaux carrés ou rectangulaires, qui reposent en feuillure sur des fers en forme de "T" renversés, scellés à leur périphérie par un bain de mastic très épais et
de forte dureté. Les fers transversaux de 90 m de hauteur environ sont "recoupés" longitudinalement par des fers de même profil mais de section moindre.
Ce vitrail utilise la
technique du sertissage en plombs de plusieurs dimensions. L'ensemble des panneaux a été mastiqué sur les 2 faces et posés dans un bain de mastic.
Toute la verrière est
réalisée avec du verre cathédrale pour les fonds et les décors de bordure. Les partes figuratives (personnage, blason, angelots, etc. ...) ont été faites avec un verre uni
massif ou un verre plaqué avec des peintures sur verres en grisaille (drapés, treille, architecture de faux marbre) et des décors émaux (feuillage).
Cet ensemble de peintures a
ensuite été cuit au four entre 550° et 650° C.
Désordres observés
Des déformations par
affaissement se trouvaient surtout localisées sur les panneaux aux motifs de grande finesse au niveau du sertissage ; ils accusaient après un siècle, un affaissement sensible de
l'ordre de 1 cm à 1,5 cm (rosaces et motifs géométriques périphériques essentiellement).
Ce phénomène était
présent sur tous les panneaux où le rapport du poids de sertissage en plomb ramené à la surface du panneau se trouvait élevé.
L'ossature porteuse des
panneaux était également déformée, les fers en "T" de la structure accusant une légère flèche.
L'examen de cette verrière
révèle également qu'elle avait l'objet d'au moins une restauration antérieure. Certaines parties ont été repiquées avec des verres de texture et de teinte qui diffèrent
des caractéristiques de ceux qui avaient été repiquées avec des verres de texture et de teinte qui différent des caractéristiques de ceux qui avaient été utilisés en 1895
par L. Bégule. Parmi ces verres repiqués, certains ont été reposés à l'envers. Certains verres, repiqués ou non, ont été peints avec une grisaille qui ne s'harmonise
pas du tout avec la teinte d'origine. De nombreux verres cassés ont été repérés avec interposition de plombs de casse qui alourdissent le graphisme original.
Ces interventions devaient
impérativement être réalisés par un maître verrier qualifié, formé à la restauration et à la conservation du vitrail.
La dépose des panneaux
scellés au mastic, phase très délicate, a été faite dans le respect rigoureux des règles de l'Art afin d'éviter tout risque de casse.
A l'occasion des travaux de
rénovation de la salle des délibérations réalisés en 2000-2201, il a été décidé par le Département, maître d'ouvrage, de saisir l'opportunité d'une restauration globale
(échafaudage, neutralisation de la salle) pour effectuer une intervention de qualité.
Travaux de restauration
réalisés
A partir d'une étude
diagnostic précise réalisée préalablement, à l'occasion du dossier de consultation des entreprises, par M. Guyonnet, Architecte du patrimoine, le savoir faire de l'homme de
l'Art a pu opérer avec efficacité et soins.
Après un démontage soigné
avec repérage des panneaux , les travaux de restauration se sont déroulés pendant deux mois et demi dans l'atelier du maître verrier :
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Prise de calque de tous les
panneaux,
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Dépoussiérage et lavage
complet des vitraux,
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Dessertissage,
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Nettoyage des taches de
mastic sur l'ensemble des pièces,
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Reprise des parties peintes
en grisaille ou en émaux,
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Répartition de toutes les
pièces brisées et suppression des plombs de casse et mise en place de cuivre de casse (montage "tiffany") ou collage silicone. Soudure de nouvelles attaches en plomb
pour liaison aux vergettes,
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Masticage liquide aux 2
faces et séchage en local ventilé,
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Ressertissage complet des
panneaux, avec pour certains un renforcement par des vergettes invisibles,
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Repose du vitrail, sur
l'ossature traitée anticorrosion, à l'aide du platelage installé à 9 m sur lequel a été installé des échafaudages mobiles de 2,50 m.
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Pour assurer dans des
conditions de sécurité optimales l'entretien et le nettoyage de cette verrière, une passerelle métallique coulissant sur deux rails longitudinaux a été installé dans les
combles.
Rédaction de ce texte
Pascale Lambin
Ingénieur au Conseil
Générale du Rhône.
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